Visite de la ville

Nailah acquiesça simplement aux paroles de Keysim. Kratos le Grand… Pourquoi pas ?
Ses larmes avaient fini de couler, et son regard recommença à scintiller, comme autrefois.
"Merci, Keysim… Toi aussi, prends soin de toi."
Elle regarda s’éloigner, une petite lueur de malice ayant repris sa place dans son regard.

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Nerina fut très touchée de l’entendre dire qu’elle était sa famille et, un peu impulsive, elle le prit dans ses bras, et le serra contre elle.
Bien sûr, elle était plu petite que lui et elle avait l’air bien ridicule d’étreindre ce grand adolescent dégingander. Elle n’avait jamais vraiment eu de famille…

Quand elle le lâcha, elle lui sourit doucement et répondit.
"Tu sais, la mémoire… C’est assez relatif… Certains oublient, d’autres se créent des souvenirs et d’autres encore, comme moi, voudraient bien en oublier certains…
Mais tu dois savoir que Kratos fut vraiment un homme formidable et que tu l’es, toi aussi.
Ce trône est à toi… Keysim a toujours été au courant de ton existence et il n’attend qu’un mot, un signal de toi pour te le rendre.
Ta place était aux côtés de ta mère… Et je sui sûre que si tu le voulais, tu pourrais la reprendre. Mais même si tu ne veux pas, je pense que tu devrais garder un vrai contact avec elle… Car ton destin est d’être roi et elle a vécu dans l’ombre du roi pendant des années… Elle serait sûrement l’un des meilleurs professeurs que tu puisses avoir.
Elle t’aime Raziel… Et peut-être même plus que moi !" Ajouta-t-elle avec un sourire espiègle qui démontrait de la plaisanterie.

Raziel rougit aux dernières paroles de Nerina, bien qu'elle plaisantait un peu. Il ne savait pas trop quoi faire et restait planté là, comme un idiot. Il hésitait à retourner voir Nailah mais...qu'allait-il dire? Il rendit son accolade à la jeune fille, tout aussi maladroitement, et repartit en courant vers la terasse d'où il s'était en quelque sorte enfuit. Une fois arrivé, sans reprendre son souffle, il inclina le haut du torse vers Nailah et dit:

"Veuillez m'excuser pour mon...comportement. J'ai fait l'idiot je n'aurais pas dû vous parler de la sorte..."

Il se redressa et en croisant le regard de la jeune assassine, aucun autre mot de ne put sortir de sa bouche. Il se contenta de s'asseoir en baissant le plus bas possible la tête pour ne pas regarder sa mère.

Un petit sourire victorieux apparut sur les lèvres de Nerina et elle suivit Raziel, marchant tranquillement.
Quand elle revint près la terrasse, elle ne retourna pas vers Raziel et sa mère, mais s’approcha du corps étendu de l’araignée. Cette chose avait été son père… Et maintenant il était mort…
Raziel devrait être bien content d’avoir une mère qui l’aime…
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Nailah vit Raziel revenir en courant et une lueur d’espoir vint s’ajouter à la malice.
Un sourire se dessina sur ses lèvres… Ce sourire… Elle se souvint d’un jour où Kratos lui avait ordonné de sourire… Jour de la conception de Raziel au passage.
"Ca n’avait rien d’idiot, Raziel. C’est… Compréhensible."
Se penchant doucement elle mit sa main sous le menton de Raziel et l’obligea à la regarder.
"Tu devais penser que je t’avais abandonné, que je ne t’aimais… Au lieu de ça, je t’offre brusquement une histoire, une identité… Et une destinée assez hors du commun…
J’y suis peut-être allée un peu fort mais je ne voulais pas te laisser dans l’ignorance…"
Elle lui sourit doucement, observant chaque trait de son visage... Et ces yeux... Qui avaient hantés ses rêves et ses cauchemars pendant huit longues nuits...

Même lorsque Nailah releva la tête du jeune homme, il ne la regarda que quelques secondes puis détourné à nouveau le regard, trouvant tout coup un grand interet à une tache sur la table de terasse où ils étaient installés. Il fini par prendre son courage à deux mains et affronter le regard azur de sa mère.

"Je...je...ne sais pas quoi dire. J'aimerais savoir pourquoi c'est tombé sur moi, pourquoi cette...femme m'a fait ça."

Il regarda Keysim puis dit d'un air farouche.

"En tout cas je vous préviens, jamais je prendrai le trône. Peut-etre que j'ai une destinée hors du commun, mais elle s'accomplira aux cotés des hors la loi, qui sont ma famille désormais."

Il regarda à nouveau Nailah puis continua:

"Je ne demande qu'à vous connaitre...mieux, gader un maximum de contact. C'est encore difficile de penser que vous êtes ma...mère mais j'immagine que ça viendra, avec le temps...oui, avec le temps...Celui que celle que vous nommez "Elisa" m'a enlevé."

Raziel écarquilla les yeux quand Nailah parla "d'elfes". Evidement, il n'avait aucune idée de ce que ça pouvait bien être...Il dit d'un air un peu géné:

"Euh...c'est quoi un elfe?"

Puis il réfléchit sur ce qu'avait dit sa mère sur les motivations d'Elisa ainsi que sur sa prise du trône. Il dit:

"Effectivement, elle n'avait pas le droit...C'était à vous, ou moi, de décidé si je devais grandir dans le chaos ou pas. Maintenant, je n'y suis pas préparé, j'y suis juté tout d'un coup au milieu. Je n'ai quasiment aucune conaissance de ce qui m'entoure, la preuve, je suis certain que tout le monde sait ce que sont des "elfes". Pour ce qui est du trône, je ne pense pas que ça soit une question d'etre prêt ou non...Je n'en veux pas et crois que je changerai jamais d'avis. D'ailleurs prenez-le, vous êtes la femme du roi, donc vous avez aussi le droit de le prendre...Ou Keysim n'a qu'à y rester, d'après ce que j'ai compris, il s'en occupe bien..."

Nailah sourit doucement, massant le haut d’une de ses longues oreilles.
"Les Elfes sont des sortes d’humains, plus gracieux et plus… Magiques. Notre principale caractéristique est d’être immortel."

La suite de son discours lui fit moins plaisir… Mais elle répondit tout de même avec calme.
"Tu pouvais pas hériter de mon caractère, noon, il fallait que tu sois comme cette bourrique…" Murmura-t-elle.
"Tout d’abord, je ne peux pas prendre le trône car je n’étais pas la femme de Kratos. J’ai juste été sa maîtresse… Ce qui fait plutôt de moi celle à abattre que celle à mettre sur le trône, vois-tu ?
Ensuite, Keysim ne pourrait pas prendre le trône non plus car, comme je l’ai dit, pendant un certain temps, il fut le chef des ennemis du Roi et ça m’étonnerait que les Royalistes le laissent devenir Roi.

Mais c’est un besoin chez les Aragon de gouverner… Et c’est aussi leur force. Après tout, tu feras comme tu voudras… "

Raziel fut asser enthousiaste à l'idée d'être immortel. Il n'avait encore trop pensé à la mort depuis qu'il s'était réveillé dans la forêt, mais c'était déjà une angoisse de moin pour le jeune garçon...En revanche, il fut asser mécontent de ne pas pouvoir léguer son fardeau...

"Femme ou pas, il vous aimait alors c'est pareil. Et puis, puisque je suis le roi, j'ai le droit de donner mon trône à qui je veux!"

Visiblement, l'idée de gouverner semblait répugner Raziel. Il croisa les bras et s'adossant à sa chaise avant d'ajouter:

"De toute façon, n'ayant pas eu d'enfance, je ne vais pas m'encombrer de cette fonction qui semble fastidieuse...J'ai 15 ans de vie à rattraper, le reste viendra plus tard..."

Nailah sourit devant la simplicité de la réponse de Raziel… Malheureusement, ce n’était pas aussi simple… Mais elle espérait qu’un jour, les méandres de la politique n’auraient plus de secret pour lui.
"Encore une fois, tu feras comme tu voudras… Mais ton père voudrait sûrement que tu prennes tes responsabilités, comme il a toujours su les prendre."

L’assassin regarda en direction du soleil et se leva.
"Il va falloir que j’y aille, j’ai encore une longue route… Si tu me cherches, viens à Naesia et demande l’assassin… Ils devraient te mener à moi."

Elle héla un serveur qui vient les rejoindre assez rapidement.
"Veillez à mener ces jeunes gens dans une auberge convenable et faites venir un guérisseur… Faites mettre tout ça sur la note de Keysim."
Le serveur s’inclina légèrement et attendit patiemment près d’eux.
L’Elfe souriait doucement, se demandant la tête que ferait Keysim en recevant la note.
"Bon, j’y vais… Prendre soin de toi… Et de ta petite demoiselle aussi, elle en vu des vertes et des pas mures aujourd’hui…"
Elle se pencha, déposa un léger baiser sur le front de son fils et s’en alla, le pas bien plus léger que lorsqu’elle était arrivée.

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A quelques pas de là, Nerina s’était agenouillée à côté du cadavre de son père et de fines larmes coulaient sur ses joues.
Certes, ce n’était qu’un imbécile mais… C’était tout de même son père, son sang.
Du coin de l’œil, elle vit Nailah s’en aller et elle lui fit un petit signe de la main.
Cette journée restera gravée dans les mémoires, ça, c’est certain.